Site de Rikiai

Joyeux empêcheur de détourner en rond

 

SITES  A  VISITER

 

Compteur de visites


View My Stats

Pour créer un lien vers ce site, copier le code HTML suivant :

<a href="http://rikiai.jimdo.com/">Site de RIKIAI</a>

Le cancer du tropique - Essais nucléaires de Mururoa

 

La France a procédé entre 1960 et 1996 à 210 essais nucléaires dont 17 au Sahara, 193 en Polynésie (167 à Mururoa, 14 à Fangataufa).

C’est le 13 février 1960 que la France a effectué sa première expérience nucléaire militaire : une bombe A d’une puissance de 60 à 70 Kt est testée dans le désert de Tenezrouf en Algérie.

« Hourra pour la France ! câble le général de Gaulle. Depuis ce matin, la France est plus forte et plus fière ».

Malgré les pressions américaines et l’opposition de l’ONU, de Gaulle ordonne de continuer le programme nucléaire français.

Après l’indépendance de l’Algérie, le gouvernement algérien proteste en 1963 contre ces essais nucléaires.
Contrainte de changer de site, la France annonce dès avril 1963 son intention de construire une base d’essais nucléaires sur l’Atoll polynésien de Mururoa, dans le Pacifique.

En août 1963, un accord entre les Etats-Unis, l’URSS et l’Angleterre est signé à Moscou interdisant les essais nucléaires. La France refuse de signer cet accord.

Mururoa n’est pas choisi au hasard.
Cet atoll, situé à 18 000 km de Paris, est officiellement éloigné de toute présence humaine.

En réalité, l’île de Tureia n’est située qu’à 120 km et abrite 70 personnes.
Si la France ne risque pas de subir les dégâts des nuages et des particules radioactives, il n’en va pas de même pour cette population, ni pour la population d’environ 5 000 personnes de ce secteur.

On ne peut pas parler de méconnaissance du problème. En effet, plusieurs mois avant le premier tir nucléaire, un rapport classé secret défense faisait état des risques encourus par cette population.
L’existence de ce rapport a été révélée par Vincent Jauvert, un journaliste du Nouvel Observateur.

Les autorités françaises savaient donc que cette petite population était particulièrement fragilisée du fait du nombre important de vieillards et de femmes enceintes ou en âge de procréer.

L’atoll de Mururoa n’est pas le seul concerné par ces essais.
14 tests ont également été effectués à Fangataufa.
En 1966, lors du premier essai français dans le Pacifique, on avait ordonné aux bateaux et aux aéronefs d’éviter la zone dangereuse dans un périmètre de 200 km.

Tureia se situait donc bien dans une zone à haut risque.
Pourtant, la population n’a pas été déplacée.
Au contraire, chaque tir constituait un spectacle que ces gens admiraient sur la plage sans se douter que chaque « feu d’artifice » était une bombe mortelle à retardement.
Les militaires distribuaient après chaque spectacle de l’argent et de la nourriture.
Pourquoi tant de sollicitude si nous n’avions rien à nous reprocher ?

Le gouvernement français n’a pris des mesures de prévention qu’une seule fois en 8 ans.
Les habitants ont été évacués en 1968 lors du premier tir thermonucléaire (1ère bombe H) sans qu’aucune explication ne leur soit fournie (officiellement des vacances offertes par le gouvernement français).

Les rapports établis par les médecins militaires sur l’état de santé de la population n’ont jamais été divulgués.

Pourtant, selon les chiffres officiels, 3 500 personnes ont été exposées à des accidents d'irradiation pendant les tirs de 1966 à 1974.
Malgré ces chiffres alarmants, aucun suivi médical n’a été sérieusement effectué.

Les essais nucléaires souterrains ont débuté à partir de 1974.

En 1995, Jacques Chirac a autorisé l’armée à effectuer les huit derniers essais à Mururoa.
C’est en janvier 1996, qu’il a annoncé sa décision d’arrêter les essais nucléaires.

La dénucléarisation du Pacifique Sud a été promulguée en mars 1996 suite à la signature du traité de Rarotonga.

Le 28 septembre 1983, François Mitterrand a annoncé que la France invitait des scientifiques étrangers à visiter ses centres d’expérimentation nucléaire.
Cinq savants se sont rendus à Mururoa.
Ils ont pu visiter une partie des installations pendant quatre jours.

Suite à cette visite, ils ont publié un rapport concluant à l’innocuité des essais nucléaires français.
La seule menace reconnue est le risque de fuites de gaz radioactif confiné dans la roche basaltique.
« Il n’y a pas d’indication de fuites à court terme, ont-ils écrit. Si elles devaient se produire, ce serait dans un délai de 500 à 1 000 ans ».

On ne peut remettre en doute la sincérité de ces scientifiques.
Par contre, on peut se demander si leur étude ne pêche pas par ignorance de certains éléments.

Il est vrai que plus de 2 000 prélèvements ont été effectués chaque année sur la flore et la faune afin de surveiller la radioactivité. Officiellement, il n’y a jamais eu le moindre problème.

Nous verrons que d’autres rapports sont beaucoup plus alarmistes.

Etant donné l’absence de suivi médical, il est difficile de dresser un bilan exact des maladies et des décès directement liés aux irradiations.
Cependant, un chercheur de l’Inserm a établi qu’il y a en Polynésie deux fois plus de cancers de la thyroïde que partout ailleurs dans le Pacifique.
De plus, les irradiations provoquent des cancers de la peau et des leucémies.

Malgré les statistiques de ce chercheur, les autorités françaises défendent le rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique.
Ce rapport, établi à la fin des essais nucléaires en 1996, affirme qu’il n’y aura aucun effet sur la santé que ce soit à court ou à long terme.

On peut se demander si ce rapport est objectif.
D’autant plus qu’en juin 2005, le tribunal de Brest a accordé à Michel Cariou, officier de marine à la retraite, une pension d’invalidité.
Le tribunal a ainsi reconnu qu’il y avait un lien entre son exposition aux rayonnements radioactifs à Mururoa et son cancer de la thyroïde.
Il faut souligner que 200 dossiers identiques sont en attente d’être jugés.

Quel gouvernement français aura le courage de lancer une enquête sur les effets des essais nucléaires sur la population Polynésienne ?

La France reconnaît enfin sa responsabilité (03.2009)

Enfin, après tant d’années pendant lesquelles les gouvernements français ont réfuté toute responsabilité concernant les effets des essais nucléaires, un aveu officiel a été publié.

Hervé Morin, ministre de la Défense a déclaré : » Notre pays devait se mettre en paix avec lui-même. »
On a dénombré au moins 18 maladies provoquées par les essais dont de nombreux cancers. Chaque victime exposée aux radiations va recevoir une compensation monétaire.

Bien sûr, pour toutes les victimes, cette indemnité ne remplacera jamais ce qu’ils ont perdu, mais au moins, la France a cessé de nier ses actes en se basant sur de soi-disant rapports d’experts affirmant que ces essais n’avaient eu aucune conséquence sur les techniciens et la population.

Une journaliste de l’émission Thalassa a effectué une enquête sur l’impact des radiations sur la population polynésienne.
La volonté de poursuivre les essais nucléaires jusqu’en 1996 porte t-elle un discrédit sur le respect des droits de l’Homme prôné par la France ?