Mercenaires à Bagdad
La décision d'un juge fédéral américain d'abandonner toute poursuite contre des mercenaires de l'armée privée Blackwater, accusés de la fusillade la plus meurtrière
contre des civils en Irak, est d'abord choquante sur la forme.
Les aveux des cinq «agents de sécurité» seraient irrecevables parce qu'obtenus «de façon agressive».
Une leçon de droit pour le moins farfelue quand on se souvient de Guantanamo et des prisons secrètes antiterroristes, et un camouflet pour les familles des quelque
40 morts et blessés à Bagdad en septembre 2007 sous le feu nourri de ces maniaques de la gâchette facile.
Les protestations des autorités de Bagdad ne changeront rien à un des scandales majeurs de la guerre contre le terrorisme déclenchée après le 11 septembre 2001 :
l'émergence massive d'armées privées américaines dont les mercenaires agissent en toute impunité, hors des conventions de Genève et des lois des pays en guerre.
Après septembre 2007, Blackwater avait fini par perdre, début 2009, son juteux contrat en Irak où l'on comptait alors un ratio d'un mercenaire pour un soldat
américain en uniforme.
Le carnage de Bagdad et d'autres exactions impunies des mercenaires de Blackwater avaient choqué les Etats-Unis, jusqu'au Congrès où une commission d'enquête fût
ouverte. Un certain sénateur Barack Obama avait promis de «rétablir le contrôle de la loi sur ces entreprises».